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Le Giro vu de mon canapé (2018)
6 mai 2018

Deuxième étape : Haifa - Tel Aviv (167km) LA FOLIE DOUCE

LA FOLIE DOUCE

Si l’on pouvait douter de l’intérêt qu’allait porter le peuple d’Israël au Giro, il suffit de voir la photo du seul GPM (Grand prix de la montagne) de la journée, où un petit monticule se déguisait en Alpe d’Huez tant la foule était dense et enthousiaste. Et que dire de ces derniers kilomètres parcourus dans les rues de Tel Aviv ? Les coureurs venaient de sortir d’une centaine de kilomètres tracés sur une autoroute, ils s’engouffraient alors dans les larges avenues de la ville, qui se rétrécissaient dangereusement à l’approche de la ligne blanche. On assistait alors au sempiternel scénario d’une fin d’étape, avec les équipes de sprinteurs préparant le terrain pour leur leader aux grosses cuisses. Des petits malins voulaient désorganiser tout ça en tentant de s’extirper de la meute, manœuvre vouée presque toujours à l’échec ; même si on peut se souvenir que l’année dernière, un autrichien au nom imprononçable pour des non germaniques avait réussi le coup parfait dès la première étape. Donc, le peloton filait à très vive allure ; pour les non initiés, vous pouvez comptez une vitesse d’environ 60 km sur les portions plates. Cent soixante seize gars lancés comme des bolides dans le labyrinthe de goudron et de béton, avec rétrécissements, angles droits, courbes larges avec bandes blanches gorgées de graisses de voiture, ronds points et dos d’âne... et comme si les organisateurs n’avaient pas prévu un tel succès populaire, les barrières de sécurité derrière lesquelles sont appuyés les spectateurs ne sont apparues que dans les derniers hectomètres. Avant ? C’était du sauve-qui-peut. Les premiers coureurs lançaient leurs engins dans les courbes, les autres, à l’aveugle, roue dans roue, suivaient leurs collègues avec la confiance absolue de celui qui sait qu’on est tous dans la même galère. A l’image, on voyait les vélos frôler les gens, qui tendaient les bras pour une photo, agiter un drapeau ou tout simplement taper fort dans les mains. Les allées de personnes étaient d’une densité incroyable pour une telle arrivée. Si Tel Aviv, contrairement à Jérusalem, est plus connue pour ses grandes fêtes païennes que pour son traditionalisme religieux, on pouvait crier au miracle qu’il n’y ait aucun accident. Je ne rendrai jamais assez hommage à la prouesse de ces jeunes gars qui sont capables d’une telle dextérité. Il suffit d’un grain de sable pour que les rouages de cette belle machine collective et bien huilée qu’est le peloton vole en éclat. Non seulement ils s’évitent de grands strikes qui pourraient en laisser quelques uns d’entre eux sur des brancards, mais ils évitent aussi que certains spectateurs imprudents ne se fassent pulvériser dans un choc fracassant.  J’ai même aperçu, furtivement, sur un terre plein en herbe, un type allongé sur le ventre au milieu de la foule, pour prendre une photo au niveau des roues des coureurs. L’inconscience à un nom, elle s’appelle folie. Cela dit, cette folie bon-enfant est une aubaine pour la course ; il aurait été décevant de venir jusqu’ici pour courir dans un désert comme on peut le voir parfois dans les courses de début de saison du côté des nouveaux sponsors du sport mondial.

 

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J’allai presque oublier de donner le nom du vainqueur. L’olimpionico Elia Viviani est venu cueillir sans aucune difficulté le premier bouquet de son Giro. Sans prendre trop de risque sur mes pronostics, ce ne sera sans doute pas le dernier. Le plateau de sprinteurs est assez léger, son équipe Quick Step, sans véritable leader pour le général est venue pour l’épauler et lui permettre d’enrichir son palmarès. Ce sera fait !

 

 

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On n’assistera pas au même feuilleton que l’an dernier concernant la première victoire italienne du Giro. On s’en souvient peut-être, mais il avait fallu attendre les dénouements de la course pour voir l’infatigable Vicenzo Nibali sventolare la bandiera. Le requin de Messine me manquera cette année. Il fait partie des coureurs qui me font vibrer par leur improvisation, leur culot, leur talent, comme en témoigne son triomphe à San Remo. Il faudra lui dédier un Arc de Triomphe à la fin de sa carrière.
L’australien Ron Dennis, en glanant 3’ de bonification a ravi le Rose à Tom Dumoulin, ravi de laisser le poids de la course. La partie d’échec qui commence.

J’allai presque oublier, parce que ce samedi, je n’ai pas vu la course entièrement, bien occupé à voir Ivann inscrire ses premiers buts dans un tournoi U9. Cinq buts en quatre matchs, mon petit Cavani a remplit de fierté son Tapie de papa. J’ai pourtant eu le temps de voir le début de course quand l’hélicoptère a filmé la spectaculaire presqu’île où se blottit la vieille ville de St Jean d’Acre. J’ai vu les milliers de drapeaux israéliens que les gens agitaient fièrement. Dommage peut-être qu’on aient oublié qu’il y a la Palestine dans ce jeu d’échec géopolitique. Sans doute trop complexe à mettre en place en terme de sécurité ou même de symbolique. Faire traverser le Giro en territoire palestinien ça aurait quand même eu de la gueule.

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Acre

Si j’aligne dans un inventaire tous les incontournables de ce minuscule territoire, il faut bien admettre qu’en terme de tourisme, Israël et Palestine ont de formidables atouts :  la ville antique de Césarée, la forteresse de Massada, Nazareth la plus arabe des villes israéliennes, Bethléem, Jaffa, St Jean d’Acre, Hébron, Naplouse, Ramallah, lac de Tibériade, la Mer Morte, le plateau du Golan, la Mer Rouge, la désert du Néguev où la course se rendra demain. Si certains de ces noms peuvent évoquer le conflit, plongez-vous juste dans Google Earth, explorez, oubliez vos sympathies et antipathies, refaites-vous une virginité idéologique, et je suis certain que comme-moi, vous vous offrirez une formidable envie d’y aller...

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