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Le Giro vu de mon canapé (2018)
7 mai 2018

Troisième étape : Be'er Sheva - Eilat (229km) Sous le signe du prophète

SOUS LE SIGNE DU PROPHETE

 

Je n’aurais pas grand chose à commenter sur cette longue étape, et pour cause, je ne l’ai pas regardée. Je me baladais en famille du côté de l’Aiguille de Chalais en Chartreuse et malgré quelques essais, mon téléphone portable n’a pas daigné me donner assez de gigas pour mater l’étape sur mon petit écran portable. Incroyables petits outils quand même que ces smartphones. Grace à eux, on peut désormais emmener avec soi la télévision. Il n’y a pas si longtemps, quand on allait sur le bord des routes voir passer les coureurs, on essayait de trouver des spectateurs qui avaient la chance de posséder un petit écran dans leur camping car. Se formaient alors des attroupements autour de la télé posée sur une petite table de camping, des curieux s’agglutinaient comme pour une prière autour de l’autel d’une nouvelle religion. Les détenteurs du Saint Graal médiatique étaient des papes qu’on respectait pour nous faire partager les sacro-saintes images luttant quelques lacets plus bas. Assis sur leurs petites chaises pliantes, parasol bancal créant une ombre famélique sur leur têtes chaussés d’un bob publicitaire gagné au prix de risques insensés au passage de la caravane, glacière jalousement surveillée tel un coffre fort renfermant des reliques inestimables, saucisson-chips-vin-bière-pastis sur la table décathlon, les beaufs devenaient des VIP. Les personnes à côtoyer, ceux qu’il fallait fréquenter.  Jusqu’à ce que l’hélicoptère survole la fine bande de goudron, que le vacarme de la foule grimpe jusqu’à nous comme le bruit d’un tremblement de terre s’intensifie avant que le sol frémisse, alors, les invités quittaient leurs hôtes sans même un remerciement, se précipitaient sur la route pour encourager à pleins poumons les coureurs.


Aujourd’hui, chacun a son écran. On embarque la course dans sa poche. Dans le mien j’ai furtivement aperçu le peloton perdu dans l’immensité du désert.

 

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J’allais moi-même franchir une étape. Avec mon beau-père et Ivann, nous sommes montés à l’Aiguille de Chalais, petite ascension où il faut gravir quelques passages escarpés à l’aide d’une main courante. Une petite balade qui aurait été dans le domaine de l’impensable l’an dernier quand à la même époque la caravane du Giro se divertissait en Sardaigne. Il y avait une éternité que je n’avais pas marché en montagne (à part cet hiver en raquette) me contentant de petite balade autour de chez moi, à basse altitude. Quel plaisir de revoir les cimes, les forêts denses des sapinières, les à-pics et les falaises rocailleuses, les sentiers étroits, les lacets dans les pentes raides, les panneaux indiquant des lieux plus lointain, plus haut. Si les sœurs dominicaines se sont installées dans le coin, au Monastère de Chalais, imposante bâtisse posée dans les premiers contreforts du massif de la Chartreuse, s’était sans doute pour se retirer du monde, pour bénéficier du désert montagnard, pour gagner la paix. Cela semble bien étrange aujourd’hui, tant le lieu, à quelques encablures du Grésivaudan urbanisé est pris d’assaut par les promeneurs du dimanche.

Un peu comme ce désert d’Israël que traverse le Giro. Tous les suiveurs ont été surpris par l’engouement populaire suscité par la course, par l’enthousiasme des gens, par la foule. Même aujourd’hui, sur cette longue descente vers la Mer Rouge, dans ces longs passages empierrés, j’ai vu sur des photos et vidéos de nombreux curieux assister au passage du Giro.  Même les déserts ne sont plus ce qu’ils étaient.

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Quand nous sommes redescendu, j’ai repris mon téléphone, sans aucune surprise puisque je l’avais prophétisé hier, Elia Viviani avait  fait doppietta. Une victoire un peu plus difficile qu’hier, Sam Bennett tentant de le coincer contre les barrières, heureusement il a eu le réflexe d’ouvrir finalement la porte, perdant la bataille mais évitant de justesse de se faire exclure pour mauvaise manœuvre. Elia est intouchable sur les terres d’Israël.

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Je suis aussi tombé sur une déclaration de Thibaut Pinot qui m’a un peu laissé perplexe. Bien entendu pour un grimpeur et prétendant à la victoire finale à Rome, ces étapes de plat ne sont pas sa panacée, il est normal de les craindre. Mais il a clairement dit que pendant cette traversée du Neguev, il n’a pris aucun plaisir. « Zéro plaisir ! »  Même quand la journaliste lui parle des Grands Espaces, lui le féru de nature, il fait comprendre qu’il est resté insensible au charme de cette région désertique. Quand à l’engouement des spectateurs, il en a plus retenu la dangerosité que le succès populaire. Ne parlons même pas de cette journée de transfert prévu pour le lendemain, il en fait une journée plus lourde qu’une étape sur le vélo. Alors Thibaut ? Un peu ronchon ? Un peu contrarié ? Un peu stressé ? Un peu concentré ? Ou tout bonnement un peu trop français ? Shalom Thibaut, tu devrais profiter, regarde ces photos, c'est beau ! Tu peux demander à Elia qui en sait quelque chose, il aime ces étapes lui, car il le sait, nul n’est prophète en son pays.

 

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